Compétences vertes : un enjeu de taille pour les entreprises face à la transition écologique

Réchauffement climatique, augmentation du niveau des mers, accroissement des émissions de gaz à effet de serre, pénurie d’énergie fossile, de nombreux indicateurs mettent en exergue l’urgence climatique qui plane sur les Hommes et sur la planète. L’environnement est un sujet de plus en plus préoccupant et la société tout entière doit s’impliquer. 

Si les États ont d’ores et déjà pris de multiples mesures en faveur d’un monde plus vertueux, les entreprises sont, elles aussi, pleinement concernées par les enjeux environnementaux. Ces dernières doivent, en effet, adopter des comportements plus responsables et sensibiliser l’ensemble des salariés à ce sujet. Cela passe, par exemple, par la création d’emplois verts, l’exercice d’un métier de manière durable ou encore le déploiement de compétences vertes en interne. L’important est de réinventer le monde professionnel afin de maîtriser au maximum son impact environnemental. Antoine Poincaré, vice-président d'AXA Climate School, a notamment précisé dans le rapport Compétences et Impact : le guide 2023 que : 

« L’écologie va avoir un impact sur certains nouveaux emplois, mais la question principale est : comment rendre "verts" les emplois existants ? La transition durable est une question de réorientation. Il s’agit de faire moins de choses, de produire moins de choses et d’utiliser moins de ressources. Toute l’entreprise doit maîtriser certains concepts clés, notamment le changement climatique, les lois sur la biodiversité, les ressources naturelles, l’effet de rebond, la mesure de l’empreinte carbone, etc. C’est ce que nous appelons la sensibilisation à la requalification, et l’ensemble de votre personnel doit s’y atteler, quel que soit son poste. Chaque emploi est désormais un emploi vert, ce qui signifie qu’il comporte une part de durabilité. Ce niveau de sensibilisation est nécessaire pour l’ensemble de l’entreprise. Par exemple, si vous prenez un poste comme celui de responsable des achats, il doit savoir comment intégrer des critères écologiques dans sa grille de décision. Auparavant, il s’agissait de trouver un équilibre entre les dollars, les euros et la qualité ; aujourd’hui, il s’agit de dollars, d’euros, de qualité et de carbone ».

Qu’est-ce que les compétences vertes ? Comment favoriser les green skills en interne ? Pourquoi et comment réaliser cette transition verte en entreprise ? Réponses. 

Compétences vertes : de quoi parle-t-on ?

Green skills : définition

L’état actuel de la planète nécessite une transition écologique de la part des entreprises, tous secteurs d’activité confondus. Cette transition consiste, par exemple, à concevoir des emplois verts afin d’affronter les enjeux climatiques auxquels nous faisons face et d’appuyer les stratégies RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) de l’organisation. Pour rappel, la RSE regroupe toutes les actions mises en place par la société pour favoriser une activité responsable (économiquement, environnementalement et socialement parlant) et s’orienter vers un modèle économique plus vertueux.

Mais pour créer ces nouveaux postes, le personnel doit lui aussi être doté d’aptitudes spécifiques nommées les compétences vertes (ou green skills). Ce sont elles qui assurent la durabilité environnementale des activités économiques et qui contribuent, entre autres, à réduire la pollution de l’air, à mieux préserver les ressources naturelles ou à œuvrer de manière plus responsable. 

Les compétences vertes sont en hausse constante depuis 2020. Les plus demandées concernent : 

• la transition énergétique (+ 73 %*) ;
• les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance ou ESG (+ 82 %*) ;
• le bilan carbone (+ 75 %*) ;
• la gestion de déchets (+ 65 %*), qui est également la 12e compétence la plus recherchée. 

Parmi celles les plus fréquemment mentionnées dans les offres d’emploi, l’on retrouve le développement durable (+ 2,9 %*), la transition énergétique (+ 2,4 %*) et les ESG (+ 1,5 %*).

À l’heure actuelle, bien que le nombre de profils « verts » soit en hausse (+60 % depuis 2016 et +30 % depuis 2019 selon un rapport de LinkedIn), les chiffres ne sont pas suffisants pour permettre une mutation complète vers un monde professionnel plus vert. Pour cette raison, les organisations doivent redoubler d’efforts et former leur personnel en ce sens.  

*source : analyse menée par l’équipe Data de 365Talents portant sur 220 000 offres d’emploi publiées par 500 grandes entreprises internationales de novembre 2020 à novembre 2022.

Green skills, emplois verts, emplois non verts, emplois verdissants, emplois potentiellement verdissants : quelles différences ?

La transition écologique en entreprise a fait apparaître de nouveaux mots. On entend aujourd’hui parler de compétences vertes, d’emplois verts, d’emplois non verts, d’emplois verdissants et même d’emplois potentiellement verdissants, et il est important de ne pas les confondre :

• Comme expliqué précédemment, les compétences vertes sont des aptitudes spécifiques grâce auxquelles les collaborateurs peuvent exercer des emplois verts. Nous pourrions, par exemple, citer le fait d’être capable de mener des audits énergétiques, de former les gens aux programmes de recyclage ou encore de mesurer la durabilité des activités économiques d’une enseigne comme des green skills.
• Les emplois verts sont des emplois qui contribuent à préserver ou à restaurer l’environnement que ce soit dans des domaines traditionnels ou des secteurs verts émergents (énergies renouvelables, développement durable, etc.). 
• Les métiers verdissants, quant à eux, n’ont pas une finalité purement environnementale, mais intègrent des connaissances vertes et des enjeux environnementaux. 
• Les emplois potentiellement verdissants peuvent être réalisés sans compétence verte spécifique, mais peuvent ponctuellement en exiger.
• Les emplois non verts ne requièrent aucune compétence verte.
  

Un pacte pour les compétences vertes pour favoriser les emplois de demain 

Afin de favoriser les compétences vertes en entreprise, la Commission européenne a instauré le Pacte européen pour le climat. Ce mouvement tend à créer une Europe plus verte, notamment dans le monde professionnel. 

Le Pacte offre la possibilité aux organisations de participer à des actions en faveur du climat et de prendre des mesures concrètes pour leur parcours de transition. Plus spécifiquement, il :

• soutient les emplois verts ;
• encourage les entreprises à aider les collaborateurs à se perfectionner et à se reconvertir grâce au pacte pour les compétences et au Mécanisme pour une Transition Juste (MTJ) ;
• diffuse les bonnes pratiques auprès des sociétés ;
• contribue à la gestion du Fonds Social Européen (FSE) pour la formation de personnes à des emplois verts.  
  

L’émergence de nouveaux métiers pour répondre à l’urgence climatique 

Quels sont les emplois verts ? 

Les métiers de demain s’orientent autour de la transition écologique, de la responsabilité et de la durabilité. Toutefois, malgré ce que l’on pense, les emplois verts ne se cantonnent pas à ceux qui se consacrent uniquement à la sauvegarde de l’environnement. 

Les green skills sont, en effet, applicables à tous types de professions. Il s’agit d’un ensemble de pratiques à adopter pour transformer sa façon d’exercer et la rendre plus responsable afin de contribuer à la préservation et à la restauration de l’environnement. Ainsi, si l’émergence de nouveaux métiers est incontournable, les métiers traditionnels pourront être remplacés ou redéfinis. De la même manière, tous les emplois à venir pourront ne pas être 100 % verts, mais doivent tendre dans cette direction autant que possible. 

Selon un rapport de LinkedIn, parmi les métiers verts en plein développement, on retrouve :

• responsable durabilité ;
• manager hygiène, sécurité et environnement ;
• superviseur hygiène, sécurité et environnement.

Les métiers d’agent immobilier, d’infirmier en santé du travail et de praticien santé publique font, quant à eux, partie des métiers verdissants qui ont affiché la croissance annuelle la plus rapide entre 2016 et 2021.

Recrutement de talents verts : une demande croissante 

La part des emplois verts ne cesse d’augmenter dans les recrutements, preuve que le monde du travail prend un vrai tournant. De nombreux experts s’accordent même à dire que bien qu’à l’heure actuelle l’offre et la demande de compétences vertes soient relativement bien équilibrées, la demande de talents verts dépassera l’offre d’ici quelques années.

Et pour cause ! La quantité d’emplois exigeant des green skills affiche une croissance annuelle de 8 % depuis cinq ans. En 2019, les travailleurs verts étaient même recrutés à un rythme plus élevé que les travailleurs non verts. 

En 2021, les projets de recrutement concernant les métiers de l’économie verte représentaient 17 % de l’ensemble des intentions d’embauche du pays. Selon un rapport de LinkedIn, sur la même année, en France, les taux de recrutement enregistrés pour les emplois verts et verdissants étaient respectivement de 0,8 % et de 9,2 %. La part relative aux emplois potentiellement verdissants, quant à elle, s’élève à 43,5 %. 

Talents verts : quelques chiffres clés 

En France, en 2020, 14,1 % des demandeurs d’emploi étaient à la recherche d’un emploi de l’économie verte. Au total, ce sont plus 3,5 millions d’actifs qui occupent un métier verdissant et près de 140 000 personnes qui exercent un métier vert. Ces dernières évoluent dans les secteurs :

• du bâtiment (37 %) ;
• de l’industrie (20 %) ;
• des transports (20 %) ;
• de la recherche et du développement (9 %) ;
• de l’agriculture et de l’entretien des espaces verts (6 %).

Selon un rapport de LinkedIn, entre 2015 et 2021, la part de profils verts dans la population active mondiale a augmenté de 38,5 %. Ces derniers disposent des compétences vertes dans la durabilité, la sensibilisation environnementale, les énergies renouvelables ou encore l’environnement, la santé et la sécurité.